|| En voilà une drôle d'idée ! ||
J'ai toujours aimé questionner les gens sur eux-mêmes… J’abhorre cet idiome-là : « J’ai toujours fait ceci ». Ça me sort par les trous de nez. Parce que tout le monde l’emploie, comme si ça pouvait donner un poids supplémentaire à l’activité en question. Comme si cela devait la sacraliser. Tous les prétendants aux radios crochets « ont toujours chanté » ; mais tout le monde chante, tout le monde fredonne. Qu’est-ce que ça enlèverait au talent d’un candidat s’il s’était découvert un intérêt pour le chant un an auparavant ? Ça me fait penser aux rôlistes qui rivalisent tous pour placer le nombre d’années de pratique de leur passe-temps. Bien évidemment, ce sont les pires joueurs, confits dans leurs certitudes.
Je m’aperçois donc que je suis d’une curiosité indécente. Ça ne date probablement même pas de mon enfance ou mon adolescence, j’étais timide à courir me cacher quand on me regardait. La fac peut-être. Trente ans, par conséquent. Trente ans que, si cela ne tenait qu’à moi, je poserais les questions les plus intimes à tout le monde. Pour savoir, pénétrer les secrets, interpréter les comportements… par curiosité. Mais je me suis soigné, ou plutôt les réactions de la majorité de mes rencontres m’ont calmé, tant il est répandu de ne pas se raconter. Seules les personnes dont je me sens proche ont droit à mes interrogations. Ou les personnes que j’apprécie. Ou les personnes qui m’intriguent. Cette dernière catégorie est actuellement vide, je le déplore. Mais revenons à nos brebis. La curiosité, ce grave défaut contemporain, qui m’habite encore envers et contre toutes les évidences humaines. Ce défaut m’a amené à interviewer quelques poignées de formations musicales et d’artistes dans le cadre de la confection artisanale et solitaire du fanzine Agitato, entre 1994 et 2003 ou 2004, si ce n’est 2002, je ne sais plus trop. J’aime arrondir ça à dix ans, ce sera donc 2004 ! L’exercice, parfois ingrat – je passerais volontiers un stylet dans le cœur des mecs de Kat Onoma ou de Mogwai pour leur mépris affiché devant mes demandes réitérées de réponses – fut gratifiant la majorité du temps. Et hier matin, saisi d’un élan de génie ; événement fort peu coutumier chez moi ; j’ai décidé de pratiquer cette torture moderne sur moi-même. M’auto-interviewer, pour simplifier les choses. Après tout, qui manquerait à ce point de jugement et serait assez désœuvré pour formuler le projet de m’interroger ? Ma production littéraire est si peu publique que j’en viens moi-même à douter que j’écris et ma contribution à la bonne marche du monde est si proche du néant qu’il faudrait sacrément aimer le vide pour me poser des questions. Alors je vais me charger de la besogne et gonfler mon ego ratatiné en m’auto-interrogeant moi-même, me, myself and I ! Un article par question.
Inbadreams ?
Inbadreams... pourquoi ? pour quoi ?
Pour garder à portée de vue et d'oreille toutes les émotions qu'une chanson de 1994 a provoqué et continue de provoquer chez moi.
Parce que les deux (seuls) albums de ce groupe figurent tout en haut de mes disques préférés. Adjectif que je devrais remplacer par quelque chose comme « qui m'ont le plus ému ».
Artiste : The God Machine
Chanson : In Bad Dreams, album One Last Laugh In A Place Of Dying (1994)
Fichier extrait de mon disque, tous droits réservés, blablabla...
When you sleep
Do you see an angel in dying light
Or can you see someone standing outside
Trying to set you alight
Or maybe you’ve seen
Someone somewhere before
That I might have loved if
I’d never loved you
But you only see me in…
Bad dreams
Pedigree
Christophe, peux-tu nous dresser un portrait civil de toi ?
Christophe D. célibataire pour le reste de mes jours ; sans enfant depuis toujours ; sans emploi à durée déterminée depuis très longtemps ; sans emploi à durée indéterminée depuis ma naissance en novembre 1968.
Portrait chinois
J'ai récemment (2019) trouvé un site qui m'a amusé et j'y ai trouvé matière à dresser un portrait chinois de moi-même. Bien entendu, je ne réussis pas à ne pas justifier certaines réponses alors que ce n'est pas le principe du portrait chinois...
Portrait nature
1. Si tu étais un animal, tu serais – sans hésitation, un panda roux ou un âne.
2. Si tu étais une plante (fleur, arbre… ) – un Edelweis.
3. Si tu étais un élément – l'eau, j'adore l'eau et son contact.
4. Si tu étais une pierre précieuse ou non – précieuse, sûrement pas, je n'aime pas l'idée d'être convoité. Un galet rond sur une plage, plutôt.
5. Si tu étais une saison – le printemps.
6. Si tu étais un moment de la journée – l'aurore.
7. Si tu étais un des cinq sens – l'ouïe pour la musique.
Portrait lieux
8. Si tu étais un pays – le Canada.
9. Si tu étais une ville – Prague.
10. Si tu étais une planète – la Terre.
11. Si tu étais un paysage – un désert pour que les gens y dévoilent leur capacité à survivre.
12. Si tu étais une pièce de la maison – le grenier.
Portrait objet
13. Si tu étais un objet du quotidien – un fauteuil roulant pour soutenir quelqu'un.
14. Si tu étais un véhicule – une bicyclette.
15. Si tu étais un vêtement – une écharpe (c'est un accessoire, et je m'auto-emmerde avec cette réponse !)
Portrait culture
16. Si tu étais un livre – Abarat, de Clive Barker.
17. Si tu étais un personnage de fiction – Rick Deckard.
18. Si tu étais un mot – putain !
19. Si tu étais un film – Blade Runner (1982).
20. Si tu étais une célébrité – surtout pas !
21. Si tu étais un dessin animé – Les Triplettes de Belleville.
22. Si tu étais un super pouvoir – la séduction.
23. Si tu étais une créature légendaire / imaginaire – une licorne.
24. Si tu étais un jeu vidéo – une aventure pointer/cliquer infinie.
25. Si tu étais une chanson – In Bad Dreams de The God Machine, évidemment ! (vois plus bas)
26. Si tu étais un style de musique – le rock.
27. Si tu étais un instrument de musique – une guitare basse.
28. Si tu étais une photo – érotique.
29. Si tu étais un art – l'art de rendre le sourire.
30. Si tu étais un événement historique – la découverte du feu.
Portrait gourmand
31. Si tu étais un plat – un tajine.
32. Si tu étais un dessert – un tiramisu.
33. Si tu étais une friandise – une madeleine.
34. Si tu étais un fruit – un abricot.
35. Si tu étais une boisson – une bière brune.
36. Si tu étais une odeur – le parfum de la peau de l'une des femmes que j'ai aimées. Son identité restera connue de moi seul.
Portrait Loisir
37. Si tu étais un loisir créatif – la poterie pour la sensualité.
38. Si tu étais un sport – quelque chose avec une bicyclette.
39. Si tu étais une fête – la fête des morts au Mexique.
40. Si tu étais la lettre idéale – une lettre de Kafka à Felice Bauer.
41. Si tu étais de la papeterie ou un accessoire de papeterie – un carnet de notes.
Portrait un peu plus perso
42. Si tu étais un chiffre ou un nombre – le 8, c'est l'infini.
43. Si tu étais un bruit – un coup de grosse caisse très étouffé.
44. Si tu étais une devise – « J'embrasse pas ! »
45. Si tu étais un hashtag – non.
46. Si tu étais une mauvaise habitude – le café.
47. Si tu étais une qualité – l'intelligence.
48. Si tu étais un gros mot – « Pute vierge ! »
49. Si tu étais une émotion – l'émerveillement.
50. Si tu étais un plaisir – une caresse.
Mot
Il se demande souvent dans les chambres feutrées de la littérature « quel est votre mot préféré ? ». Autant je ne fais pas partie de ce monde, autant les questions à la con me font marrer et donc m’intéressent. Mais il est strictement impossible de répondre à une telle question, j’y répondrais donc peut-être un jour. Il m’est possible, a contrario, de répondre à l’autre question, celle du mot que j’aime le moins.
Confort. Oui, confort est le mot que je n’aime pas. Ce n’est pas une question de sonorité, d’étymologie ou d’histoire ; je serais bien incapable de disserter là-dessus ; mais de sens et d’interprétation.
J’ai réalisé cela il y a peu, quelque part entre les chaleurs d’août et aujourd’hui, 04 novembre 2020.
Le confort représente tout ce que j’abhorre, la facilité et l’alibi qui va avec, ce recours fallacieux à l’argumentaire pour justifier une faiblesse.
Le confort, c’est tout ce qui fait la petitesse de l’Humanité.
Grâce et au nom du confort, nous oublions volontairement tout ce qui devrait faire de nous des êtres exceptionnels ; le confort fait de nous des mollusques, une tête parce qu’il en faut une, un pied pour tenter de se tenir debout (mais pas métaphoriquement) et surtout des viscères pour digérer et chier.
Grâce au confort, les uns cèdent à la domination la plus odieuse et les autres acceptent leur sort et l’alimentent parce que les premiers leur laissent penser qu’ils peuvent aussi péter dans la soie.
Tout ceci est obscur et c’est encore à cause du confort de lecture…
Je n’aime pas ce mot, il s’oppose à la vitalité.