L'autre jour, j'ai revu Sombre, le film noir de Grandrieux, sur un vieux DVD dont je n'ai plus idée de l'origine.
Factuellement, ce métrage ne raconte rien, il montre ; et ce qu'il montre, il le rend laid, inaudible ou lacunaire. Ou magnifique, sensuel et métaphysique. Au choix. celui du spectateur. Encore une question de ressenti, d'affinités… Grandrieux cadre souvent serré, couvre ses images d'une pénombre qu'on peut trouver disgracieuse, pénible ou divine, significative… Ses personnages n'ont d'existence que dans le moment du cadrage, ils n'ont pas d'histoire, on les rencontre et ils ne répondent pas aux questions. On doit se contenter d'observer. Le premier de ces personnages tue des jeunes femmes. La seconde passe par là. Ils se croisent et on peut comprendre qu'ils vont s'aimer – même un bref instant, pour la fable – pour on ne sait quelle raison, envers et contre toutes les évidences. Dans un monde sombre qui est le nôtre. Dans ce monde violent qu’évoque Grandrieux ; ce monde laid que dénonce Grandrieux ; ce monde sans amour que constate Grandrieux.
1h50 de plans serrés, de gémissements, de râles, de pluie battante, de personnages secondaires laids comme le monde des Hommes. Un monde dans lequel tout est possible, malgré le désespoir, la preuve avec ces deux personnages.
C’est moche, c’est beau, c’est inepte et visionnaire. C’est un film.

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