|| It's my life... ||
Les plus quadragénaires, les moins obtus, les plus nostalgiques et les amateurs de musique contemporaine ne manqueront pas de saisir la référence une des chansons qui fit le succès de Talk Talk... Ce groupe anglais que d'aucuns qualifient de ringard au motif que ses chansons sont un jour entrées dans les classements des meilleures ventes de disques... dans les années 80.
C'est ma vie, comme « c'est mon quotidien » ou bien « c'est ta vie, mon pauvre ».
Dans les deux cas, c'est ma réalité et, pour peu que vous poussiez votre lecture, vous verrez que ce n'est pas que dénué d'intérêt…
Hit and run
C’est amusant…
J’utilise ces trois mots (variante : c’est marrant) assez souvent, même pour des sujets dramatiques ou supposés tristes. Ils ne signalent pas une hilarité ni un amusement, mais veulent marquer ma surprise devant un détail plus anodin encore qu’un éternuement d’homme politique. Mais ça m’amuse de le préciser…
C’est amusant, disais-je, j’ai étudié une science sociale, je continue de lire des philosophes et je suis friand d’aphorismes, pourtant j’ai trouvé la vérité de mon époque (1) dans une série télévisuelle américonne !
La série en question s’intitule True Blood. La vérité, la voilà : « People just get what they want and leave ». J’avais bien dit qu’il était question ici de soliloque…
Je suis si bon que je me sens bien d’écrire un article sur True blood !
Un de ces quatre…
(1) J’entends par là le résultat de mes observations (2). Ce qui représente une part infinitésimale de l’époque définie comme l’Histoire du monde qui m’entoure.
(2) J’observe ce(ux) qui m’entoure(nt) depuis mon accident de la route. Avant de m’enrouler autour d’un rail de sécurité, je me contentais de voir les gens. À l’heure où j’écris ces mots (21 avril 2022), j’ai vu les gens et mon époque pendant 24 ans, 5 mois et 9 jours. J’ouvre les yeux depuis 29 ans et 2 jours.
Un sac pour tous…
On (pronom indéfini, je préserve les discrétions) l’a remarqué, j’emploie régulièrement des expressions englobantes telles que « Les gens » et mon discours laisse planer un parfum (remugle ?) de culpabilisation des masses qui peut passer, j’en ai conscience, pour une condamnation de l’humanité entière.
Mes études de sociologie m’ont appris à raisonner en termes statistiques. Non pas que je fus brillant en la matière ; sans une aide extérieure, j’eusse sûrement échoué aux partiels concernés ; mais une chose est restée : la tendance.
Je raisonne de cette façon. Pas statistique, mais à partir de la tendance dessinée par mes propres observations. Ce qui ne veut rien dire, j’en conviens. Sauf pour moi.
Ainsi, je prends un exemple totalement détaché de la réalité, si j’estime pendant presque trente ans de pratique de la route, que moins d’un véhicule sur dix avertit de sa direction en sortie de rond-point, je dis que « personne ne met son clignotant dans les ronds-points ». Ce qui ne veut pas dire que littéralement personne ne le fait – étant donné que je le fais – mais que j’estime que le chiffre est trop peu important pour être pris en considération.
D’ailleurs, si ça n’incluait pas des amis proches, je suggérerai de passer par les armes quiconque n’a toujours pas compris ça après des années à les fréquenter. Pas les ronds-points, mes positions sur le sujet présentement exposé.
J’assume ce que j’appelle mes observations, et je fais le serment solennel d’arrêter de façon systématique d’user de ces raccourcis le jour où les instituts de sondage cesseront de produire des chiffres commandés obtenus par le truchement de questions orientées. Ce qui n’arrivera jamais, et là je pouffe.
Rigueur de mise
Vérifier la définition des mots, c’est comme entrer à nouveau dans le monde et s’apercevoir que tout était mensonge (ce qui me fait penser au principe du jeu de rôle intitulé Vampires La Mascarade), car, souvent, les mots n’ont pas le sens qu’on leur donne.
C’est pour cette raison que j’essaye souvent de me défaire de l’usage des mots importants. Il n’est que le voile, la façade, le masque.
Par ailleurs, utiliser le verbe dans la règle, c’est s’éloigner des malentendus que les usages – par définition aussi nombreux que le nombre d’usagers – recèlent. C’est clarifier le discours, rendre intelligible, compréhensible, accessible. C’est respecter autrui et s’éviter bien des prises de bec que la nature sociable des humains garde en réserve. Ce qui m’amène à une évidence, pour moi, que j’ai du mal à faire accepter quand il m’arrive d’en parler.
Les gens à qui on peut dire « Tu n’as pas compris » n’existent pas.
Il n’y a, de fait, que des personnes qui n’expliquent pas de façon appropriée. Appropriée, c’est-à-dire en fonction de l’interlocuteur, ses particularités, son origine, etc. Personne ne parle le même langage parce qu’il n’existe pas de copie exacte d’un individu. La génétique ne le permet déjà pas et l’acquis de chacun ne fait que creuser les singularités. Il convient donc d’adapter le discours à l’auditeur. Expliquer plutôt qu’attendre une adéquation qui ne viendra pas. Si nous utilisions tous la même règle (elle existe, elle est entretenue depuis la naissance de l’Académie), plutôt qu’une règle personnelle (au pire une par individu, au mieux une par communauté ou groupe d’individus) par définition unique et donc pas partagée et donc partiellement inconnue de l’interlocuteur, on se comprendrait mieux. Même si, demain, j’héritais d’un cerveau en bon état de fonctionnement, je ne prétendrais pas parvenir à un résultat, j’essaie et je crois que cela est salutaire.
Typographie
Comme chacun sait, du moins je l’espère, c’est dans la pratique que nous parvenons à l’aisance. Pour cette raison, et parce que je me sens bien lorsque je respecte certaines règles, tout spécialement quand mes contemporains les trouvent relou, j’applique sur ce site quelques règles de typographie. Fréquenter ces règles et les employer pour mes textes, quels qu’ils soient, me les rend familières et donc faciles à utiliser au quotidien. M’y assujettir demande une certaine discipline et quelques concessions au confort quotidien. Parce que ce serait si facile de n’accentuer aucune majuscule, d’utiliser les guillemets anglais, meurtrir des phrases avec des esperluettes inopportunes, etc. C’est presque un jeu et une discipline, un oxymore de chaque heure passée devant un clavier.
Pourtant, il ne s’agit que de suivre les règles énoncées dans le fascicule de 210 pages intitulé Lexique des règles typographiques en usage à l’imprimerie nationale. Pourquoi celui-ci ? Pour la même raison que je préfère me référer au dictionnaire de l’Académie qu’à d’autres, plus… fantaisistes et, surtout, plus poreux au langage courant, source de malentendus – parce que communautaire et soluble dans le temps – à mes yeux.