Sous le tapis
J’ai noté pas mal de trucs lors de mon hospitalisation de 2018. Certains sont terrifiants : 29 octobre, j’apprends que les manuels scolaires vont bannir le mot et le concept de chômage.
Je ne trouve de trace de cela que sur de très rares pages. Étonnant ? ce qui est invisible ne peut inquiéter…
Un tour de franche mascarade
Il y a quelques années (2016 ou 17 ?), s’est tenue une étape du tour de France cycliste du côté de Brignoles en descendant vers la mer, autrement dit sur une portion de route départementale que je connais littéralement par cœur pour l’avoir empruntée un nombre de fois incalculable entre 1987 et aujourd’hui ; c’est ce qui arrive quand on ne roule pas sur autoroute quand on peut faire autrement.
Une étape sur la route au-dessus de la Roquebrussanne, disais-je. À l’approche de l’été, j’ai vu la réfection du tablier de bitume se faire, par petites portions. Sur cette route défoncée en permanence, où les nids de poule le disputent à l’absence de signalisation horizontale, où les impromptus des services de voirie et leur incompétence font des miracles. Une route de merde pour parler correctement.
Eh bien, cette année-là, après plus de 25 années d’inaction, les engins du goudron se sont décidés à faire leur boulot… uniquement sur le bandeau que les rois de la petite reine ont empunté ! Je peux en témoigner, non seulement je connais la route, mais je me suis abaissé à visionner l’étape du jour sur mon écran de tévé. Mais, il y a mieux. Comme je le dis quelque part dans ce carnet en ligne, la région de Brignoles, voisine de la mienne, est très ensoleillée et souvent aussi chaude que sèche. L’eau y est un bien précieux, surtout en été, période à laquelle se déroulent les effusions de pédale dont je parle ici. Le même jour que l’étape fut diffusé un reportage sur les préparatifs de chaque course, façon de louer le travail des équipes du tour. Quelle ne fut pas ma surprise teintée d’effroi, d’apprendre que la route avait été refroidie avant l’arrivée des pédalistes à grands coups de canon… à eau !
Résumons-nous : on culpabilise les populations par tous les moyens à propos de leur consommation d’eau, on régule ces mêmes consommations par temps trop sec, on montre du doigt les exploitants agricoles qui arrosent leurs champs… et on arrose la route du tour de France à grande eau ? Et certains me disent cynique…
Une minute de plusieurs heures
Un jour de printemps 2018. Quillé quelque part entre Toulon et Hyères, je me dirige vers ma poubelle pour changer de paysage. Le temps de franchir quelques mètres sur le parking, un être de type approximativement ordinaire arrête sa camionnette en plein milieu de la voie (alors que plusieurs places sont libres à proximité immédiate). Il descend de son véhicule.
Le moteur tourne.
Je l’apostrophe : « pardonnez-moi, monsieur, vous avez laissé le moteur de votre voiture tourner ». Lui : « ah oui, j’en ai pour une minute ». Et il disparaît derrière une porte d’immeuble. Huit minutes et quelques après, il n’avait toujours pas reparu… Au 21e siècle, les constructeurs automobiles suréquipent leurs engins de mort de tous les gadgets possibles pour séduire les idiots du village qui leur achètent et personne, surtout pas les hommes politiques qui se contentent de pondre les lois que les premiers leur dictent, personne, disais-je, n’exige d’eux la mise en place de dispositifs utiles… comme un coupe-moteur pour les cas d’imbécilité comme sus-décrit.
Une minute de plusieurs heures (suite)
Au même endroit, une heure et demi après le premier épisode de la minute qui dure des heures, je monte dans mon cendrier et un autre véhicule plein de quatre individus vient se garer juste à côté… sur le passage piéton, bien matérialisé, légèrement en hauteur (comme un trottoir bas, avec un passage rabaissé pour les poussettes et les fauteuils roulants).
La passagère sort, je l’interpelle : « Excusez-moi (toujours être poli avec les piafs, ils donnent parfois des coups de bec), vous avez vu que vous êtes garée sur la voie destinée aux piétons ? ». Elle : « Oui, oui, mais c’est pour le chien, on ne va pas le laisser au soleil, peuchère. » (les places de ce côté du bâtiment sont partiellement ombragées en cette fin d’après-midi). Tout le monde de sortir du véhicule et de disparaître derrière une porte. Sauf le chien qui reste à l’ombre. Les infirmes à mobilité dépendante des cons attendront que les cons aient vaqué à leurs occupations, ce qui importe, c’est que le chien soit resté à l’ombre.
Hirochimie, mon amour !
Courant été 2018.
Encore cette série française qui ressemble plus à un dépliant publicitaire qu'à une œuvre de fiction : « Ah non, tu n'arriveras à rien avec tes produits bio ! pour ça il te faut du bon produit bien chimique ! » (pour enlever de la peinture sur un mur). L'environnement de sept milliards de personnes sur la même planète, ceux d'entre eux qui crèvent d'une ou plusieurs maladies due à la pollution et tous vos enfants (ceux qui vivront comme dans les films d'anticipation, avec les cancers, la malnutrition, les pluies acides, l'air irrespirable, etc. ) ; tout ce monde, c'est-à-dire tout le monde ; peut remercier les « produits bien chimiques » et les producteurs de série télévisubeurk qui contribuent à véhiculer ces idées littéralement nauséabondes.
Autocentrisme
Octobre 2018, mort de Charles Aznavour. Comme il existe des gens qui pensent que, avec des livres et une machine à enregistrer des mots à l'aide d'un clavier, on s'ennuie à l'hôpital…
… La digression élève l'homme…
Il est possible de ne pas s'ennuyer à l'hôpital, il suffit d'observer le personnel, répondre à ses questions de façon un peu décalée et bien écouter les réponses, scruter les attitudes. C'est souvent hilarant. Malheureusement pour moi, lors de cette hospitalisation-là, je n'ai pas atterri dans un service de médecine, mais bien dans un établissement d'élevage en batterie… élevage au sein duquel je n'ai vu personne et je n'ai pas pu observer le personnel.
… on s'ennuie à l'hôpital et, sans me demander mon avis, « on » m'a loué une tévé. Comme un con, j'ai regardé et c'est de cette façon que j'ai appris le décès de Charles Aznavour. Un détail m'a sauté au pif (paf !) : un bandeau sur les chaînes dites d'info, en bas des écrans, supposé faire part de l'immensité du bonhomme, nous informait que les américons déplorait la mort du « French frank sinatra ». Oh come on ! Comment peut-on être assez sourd pour comparer sinatra et Aznavour ? Est-ce que je compare les belles femmes à Barbie ? Le hardcore japonais au zouk ? steven spielberg à Bruno Dumont ? Comment comparer un auteur aux textes qui ont émerveillé des millions de personnes à travers le monde et un produit de consommation courante (au sens de débâcle) comme sinatra ? Et puis cette façon de tout rapporter à la cul-ture américonne : ont-ils jamais dit que sinatra était « Le Aznavour américon » ? Placé comme ça ; les mots ont un sens, la syntaxe en produit également ; cela érige les icônes yankee en modèles, en références absolues, comme si sept milliards de personnes sur le globe devaient s'aligner sur le mode de pensée d’une petite partie de sa population. Et ils y réussissent, à se poser en référence, ils réussissent grâce à un appareil de propagande sans égal, d'une efficacité sans précédent et insidieux comme jamais. Et moi je fulmine !
S'il aurait fait des études…
28 août 2018. Une chaîne de désinformation de la TNT, milieu de matinée.
Stupeur ! Nicolas Hulot (Nicolas qui ?) démissionne de son poste de ministre de la Farce de Transition Écologique.
Gérard Leclerc, journaliste (quatre ans d'études) dit : « … si je l'aurais dit avant… »
Il reste une poignée d'élèves du primaire en France qui font cette erreur. Une poignée d'élèves du primaire et Gérard Leclerc qui, à vue de nez, est quinquagénaire et, par conséquent, devrait connaître et pratiquer la règle depuis une quarantaine d'années. Mais non ! Monsieur fait l'intéressant, monsieur dit « Crotte ! » à la France entière. Mais laissons retomber l'émotion qui nous étreint, rangeons ce couteau sacrificiel et tentons de transiger pour nous éviter l'emprisonnement pour meurtre avec circonstances aggravantes et constatons ensemble, mes frères, qu’il est difficile de faire confiance à un journaliste (quatre ans d'études) qui se prénomme Gérard, n’est-ce pas ? Les Gérard sont fourbes et vils, c’est bien connu, personne ne peut leur faire confiance. Ignorons donc son ignorance et oublions cette notule rageuse.
Dangereuse insolation
09 juillet 2018, la canicule ne sévit pas encore mais là où je vis le soleil tape fort. Je me gare sur un parking et une voiture est déjà garée non loin, un tiers du véhicule gêne la circulation des voitures sur la route. Le moteur de la voiture tourne. J'arrête celui de ma poubelle et je commence à monter mon fauteuil roulant. Le moteur de la voiture tourne. Un homme arrive du côté conducteur et entame une conversation avec le gars au volant. Le moteur de la voiture tourne. Après deux minutes, je relève la tête et j'interpelle les deux garçons et là un dialogue surréaliste se tient :
« Excusez-moi (ils se tournent dans ma direction), vous pensez que laisser tourner le moteur de votre voiture est une bonne chose ? Vous pouvez le couper pendant que vous discutez, non ?
- (le gars debout) On la paye pas l'essence (sourire d'intelligence... trouble).
- Je ne parle pas du prix de l'essence, mais de ce que le moteur rejette dans l'air que nous respirons.
- (le gars debout) C'est aux mecs des usines qui faut dire ça (ce en quoi il n'a pas tort).
- Bien sûr, mais à notre niveau, nous pouvons agir...
- (le conducteur) Eh, c'est bon, ça va (1), on fait rien nous, hein, c'est pas notre faute ! Et puis la voiture, elle redémarre pas. »
Je pense ne jamais comprendre ce que le conducteur a fait : il a coupé le moteur et l'a remis en marche instantanément, prouvant ainsi que ce qu'il venait de dire était un mensonge. J'ai souri (de sidération), ils se sont dispersés, je suis rentré chez moi. Le sourire avait disparu.
(1) Par ici - à savoir le sud de la France que je connais, écrasé de soleil - dire, marmonner, beugler, interjecter « ça va ! » fait office de plaidoyer. Cet idiome qu'on ne peut localiser avec plus de précision que grâce à « usité par les cons du sud » vise à laver toute culpabilité un peu (ou prou) gênante pour la personne qui le prononce. Ailleurs sur la planète France, on utilisera des euphémismes variés, l'objectif est le même : laver plus blanc. Exemple : - Il serait bien avisé d'arrêter de prendre des bains, surtout à un rythme quotidien. - Oh ça va ! Y'a pas mort d'homme, c'est que de l'eau, cong.
Conscience sélective
01 août 2019, trois millions d'hectares ont brûlé en Russie (douze selon Greenpeace)... seulement des bandeaux sur les chaînes de tv françaises et AUCUNE aide internationale ! Trois putains de millions d'hectares ! Un sujet de trente secondes sur une des chaînes le 02 août. On finit par évoquer le drame... lorsque des centaines d'hectares brûlent à Los Angeles, là où ça devient subitement un drame. En Russie, ce n'est pas un drame, c'est un fait divers.
Ce phénomène se reproduit presque chaque année depuis une décennie : les ravages du feu n'ont pas droit à la même couverture médiatique selon l'endroit de la planète où il se produit. Estonisch, nein ?
Un bon bain... de connerie
Un de ces quatre matins, durant les retransmissions des épreuves des J.O. 2021. Autour de la table, des consultants et des journalistes commentent les épreuves du jour : « Alors, plutôt douche ou bain ? ». Première réponse d'un journaleux : « Le problème c'est que, si on dit 'bain', ça fait pas très écologique... »
Tout le monde a avoué prendre des bains autour de la table...
Nous pouvons donc confirmer à ces connards que prendre des bains en 2021 est une hérésie caractérisée ; que, non, ce n'est pas « très » écologique et qu'il faut vraiment être le pire des égoïstes pour l'assumer face à une caméra, au prétexte que « Tout le monde le fait autour de la table, c'est bon ! ». Je ne sais pas ce que coûte l'organisation des J.O à l'Environnement en termes écologiques (trop, c'est sûr) mais, passer de tels actes pour des banalités sans conséquence est un crime.
Technologie-qui-tue
Second semestre 2022.
BFuMeTV, chronique du con spécialiste des « technologies »(1) fait un tour d’horizon des techniques qui ont vu le jour pour éviter les tests avec écouvillon qui permettent de détecter les personnes infectées par la Covid-19, le tout pour faire des tests sans faire bobo aux gens. C’est important, ça, de ne pas embêter la populace avec des tests désagréables. La question que je me pose quand je vois des sujets pareils, c’est pourquoi fabrique-t-on encore des merdes inutiles pour un résultat qu’on peut obtenir à moindre coût sans aucune production (toute production matérielle est un coup de couteau supplémentaire dans le sac des ressources terrestres et, par conséquent, dans le ventre de l’espèce humaine) ? Ce moyen s’appelle le chien qui est, on le sait depuis deux ans, d’une efficacité remarquable dans la détection de ce virus…
(1) quel fier exemple de métonymie ordinaire.