Un enfant interrogé (à la tévé, je crois, début des années 2000) : « Les vacances, c’est bien, parce qu’on n’a pas besoin de réfléchir, on est libre. »
Plus tard il se plaindra que la grève d’employés malmenés l’empêchent de partir en week-end avec sa maîtresse… La connerie n’attend pas la venue des années.

Un flan, au festival des flans : « Notre ami fait toutes les soirées du festival de Cannes en bermuda et en short, je trouve ça assez courageux. »
Courage : disposition morale qui fait entreprendre des choses difficiles, hardies et détermine à supporter la souffrance, à braver le danger.

Une américonne au festival de Cannes :
– Nous voulons assister à l’avant-première de Da Vinci code, c’est excitant, ça n’arrive qu’une fois dans sa vie.
Par contre, les lapalissades et les mauvais goûts surviennent et persistent toute la vie…

Je ne veux accabler personne mais j’ai vécu le dialogue suivant avec la jeune femme de onze ans ma cadette pour laquelle j’eus une faiblesse de presque une année ; fort heureusement par brefs épisodes :
– Tu as vu Lolita, de Kubrick ? (ça, c’est moi)
– Beuh, non, ce truc de midinette !
Je suis peut-être (sûrement) naïf, mais je me demande quel traumatisme (phrase rhétorique, je connais son trauma) il faut avoir subi dans son passé pour penser que Stanley Kubrick a mis en scène un film qu’on pourrait qualifier de la sorte.

L’actrice de Transamerica au festival de Cannes : « Je pourrais vous dire que le succès a des répercussions artistiques… En réalité, la seule différence, c’est le pognon. Avec tout ce fric, je vais faire construire une putain de maison tout en marbre, ça va être indécent ! »
Plus de deux milliards de personnes qui soufrent de malnutrition dans le monde confirment : c’est indécent.

Je ne sais plus où ni quand ni qui : « Si tu es bien fringué, tu as moins de chances que la jolie hôtesse te rembarre. »
J’ai supposé que cela voulait dire que les femmes sont plus sensibles aux hommes vêtus élégamment(1).
Ce qui, de mon point de vue, fait des femmes de sacrées candidates au poste de mâles… Invraisemblance qui prêterait à confusion si le monde des Hommes n’était pas ce qu’il est, c’est-à-dire une grande fumisterie.

(1) Je doute fort que cet adverbe soit arrivé, un jour, jusqu'aux lèvres de ce garçon.

Vu et entendu sur un média quelconque, il y a bien des années :
– J’espère que ce sera le dernier jour de grève parce que je prends le RER tous les jours et ça commence à bien faire.
Dit comme ça, on dirait une porte ouverte défoncée. Mais deux choses me viennent à l’esprit :
La première : quand les gens vont-ils comprendre que c’est le propre de toute grève d’être retentissante et de marquer les esprits des usagers ?
La deuxième : aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais vu ou entendu autre chose dans les mass-médias que ce son de cloche qui martèle la gêne, l’embarras et la colère des usagers. Pas une fois – sauf dans la presse qui gêne – je n’ai lu de papier consistant sur la situation des grévistes et leurs revendications.

Début du siècle.
Une petite saynète de l’horreur ordinaire rapportée par Dalila qui travaillait à La bulle Noire, boutique de bande-dessinées d’Aix-en-Provence :
« L’autre jour une cliente entre dans la librairie où je travaille. Quelques minutes après avoir acheté sa BD, elle me regarde avec insistance, limite perplexe… Je lui demande si elle désire autre chose. Il y a un long moment de pause, qui commençait vraiment à me gêner, je l’avoue.  Après ce long moment, elle me regarde et me répond : 'Ça fait vraiment bizarre de se faire servir par une Arabe dans une librairie ! Je ne savais pas que cela se faisait.' »
Pays civilisé ?

Interview d’un supporter d’une équipe de jeu de balle au pied, un jour de début de 21° siècle :
– Et s’ils vous provoquent ?
– Ah bèh sûr, on fonce, mais c’est pas nous qui va les provoquer…
Il a sûrement ajouté un borborygme que je n’ai su reproduire avec des lettres.

Nathalie Baye, l'actrice, entendue sur une radio ou à la tivi : « Je n’ai pas que des amis vedettes, j’ai des copains intermittents aussi. »
Cette phrase est tellement édifiante… glaçante de mépris et de suffisance.