On dirait un livre
19 novembre 2017, sur une chaîne d’information, une jeune femme vient parler de son livre qui décrit une façon de vivre toute suédoise et se permet deux phrases hilarantes : « ils ont des villes très très urbaines » et « en français, on dirait cocooning ».
Voyager vous fera perdre votre français, sachez-le !
Moins mais plus
Septembre 2016.
Une infirmière à mon domicile, on parle des médecins, elle évoque les indemnités de déplacement de ces derniers – qui s’élèvent à 10 euros – et, alors que la logique « humaine » voudrait qu’elle dise que c’est un chiffre sans rapport avec la réalité, elle le compare à ceux des infirmières (qui est de 2,50 euros) en se plaignant de l’écart, pas de l’absurdité du premier dédommagement.
Une étude a montré que les français sont prêts à toucher moins à la condition que ce soit plus que leurs collègues. Est-il besoin d’aller plus loin pour prouver l’existence de la bêtise ? Est-il besoin d’aller plus loin pour prouver l’existence du conditionnement des masses ?
L’enfer c’est les autres
19 fev 2016 :
Un sujet sur la sécurité routière, peu importe la chaîne qui le diffusa, m’apprit ce jour-là que 94% des automobilistes se disent prudents, respectueux, bons conducteurs, etc. ce qui n’est pas une surprise, les automobilistes étant tous plus respectables les uns que les autres, nous savons tous cela.
Sur la même tévé, deux heures après ce sujet, un autre sur les essais d’un appareil perché sur un panneau stop et supposé détecter les véhicules ne marquant pas l’arrêt complet obligatoire.
Il me semble me souvenir que les essais se tenaient dans la commune d’Yerres dans l’Essonne. L’homophonie avec le nom de ma ville natale m’avait marqué.
Si on compare les deux chiffres et si les conducteurs interrogés étaient de bonne foi, les 500 infractions constatées ce jour-là à Yerres ont forcément été commises par les 6% d’automobilistes indélicats. Un simple calcul nous apprend que, si 500 voitures représentent 6% du trafic, il est passé plus de 8300 véhicules à cet endroit en six heures, ce qui fait une moyenne de 23 à la minute.
Une minute égale soixante secondes. 23 voitures en soixante secondes nous font 2,6 secondes par voiture. Les chiffres ne me sont ni familiers ni agréables, mais je ne pense pas m’être trompé sur ces calculs. Ce qui m’amène aux conclusions : marquer un arrêt complet sous un panneau stop doit sûrement prendre deux secondes, sans compter le ralentissement et l’accélération et, surtout, si toutes les voitures ont tenu 2,6 secondes au stop, c’est qu’aucune n’est passée sur l’axe transversal, ce qui est strictement impossible.
Mais alors, 94% des automobilistes seraient-ils de fieffés menteurs ?
J’ai la réponse à cette angoissante question et elle prend la forme d’une anecdote. Une anecdote véridique, bien entendu, autrement cela n’aurait aucun intérêt : il y a quelques années, entre la fin du 20° siècle et le début du suivant, dirais-je, je fus transporté en ambulance à travers plusieurs communes de la côte varoise. Même si je me trouvais dans le sens inverse de la marche, je pouvais aisément converser avec les deux ambulanciers et, par conséquent, les entendre.
À un moment du voyage, je sentis le véhicule accélérer sur une courte distance. Immédiatement, l’ambulancier assis à mon côté s’écria en direction de l’autre, au volant : « Hé ho, tu viens de griller le feu ». Première surprise : l’interjection avait été prononcée sur un mode amusé. La seconde surprise provint de la réponse du conducteur : « Oh, ça va (1), tout le monde le fait ». Un ambulancier. Avec un collègue et une personne paraplégique à l’arrière.
Quand je pense à ce gars-là, je me demande où est-ce que je trouve la force de poursuivre mes interventions pour la sécurité routière… Mais ce sera peut-être le sujet d’un prochain billet.
(1) voir ailleurs sur ce site la signification de ces mots tout simples.
Sociabilité, mon cul !
12 avril 2022, sur un écran... Interrogée au sujet de la nouvelle offre TGV « plus lent, moins cher » (sans prise électrique), une utilisatrice commente (un peu interloquée, surprise, avec un œil mécontent) : (en substance) « Bon, si on est sur son tel en 4G pour regarder des films, sur un trajet long, on n’aura pas assez de charge » !
L’Homme en est-il arrivé à un tel degré de bestialité que, une fois séparé de son écran nomade, il devient incapable de rencontrer d’autres passagers, lire un livre, organiser un jeu (carte ou plateau) pour ne citer que les idées les plus triviales de ce que l’on appelle affabilité ?
Douloureux Monsieur Beigbeder
03 juillet 2016, je viens de passer les trente-deux heures les plus douloureuses de ma vie. Sans en connaître la raison : hier matin, je me suis éveillé avec l'envie de hurler tellement ma main droite me faisait souffrir.
Un crétin droitier vous dirait que la douleur n'est qu'une information mais, défoncez la colonne vertébrale de ce même crétin en laissant tomber un carter de BMW R69S (ce n'est qu'un exemple) sur ses reins, privez-le de l'usage du bras gauche et plantez-lui des couteaux effilés dans la main droite (c'est bon, vous avez le tableau en tête ?) ; lâchez-le, au réveil, dans sa vie quotidienne et, maintenant, posez-lui la question de la douleur. Il y a fort à parier qu'il changera prestement d'avis quand il lui faudra tirer sur l'arête du matelas pour s'asseoir ; enfiler une sonde vésicale sur l'embout d'une poche pour simplement pisser ; grimper sur un fauteuil roulant imprévu pour la guerre ; nourrir le chat et préparer un petit-déjeuner puis se retrouver nu dans une salle de bains étroite hérissée de barres de maintien… auxquelles il va lui falloir s'arc-bouter pour chier et se laver.
C'est tout particulièrement agrippé à l'une de ces barres qu'il fera l'expérience du côté obscur de l'information qu'il croit innocente. La douleur est une information… que le corps interprète comme un ordre d'abdication. Le résultat est très facile à décrire : tout effort est interrompu, limité ou tué dans l'œuf. Quand la main lâche, les fesses percutent la cuvette des toilettes ; quand la douleur traverse la paume de la main, c'est le dossier du fauteuil que le dos heurte ; quand un générateur électrique est soudain branché entre vos doigts, toute tentative pour s'asseoir échoue arrivée à 60% de son accomplissement ; que dire des situations pathétiques – en plus d'être dangereuses – dans lesquelles il se retrouvera alors qu'il ne réussit qu'à s'asseoir au bord de la baignoire (et pas sur le siège prévu à cet effet), qu'il échoue à soulever ses jambes pour les laver ou qu'il finit à demi-allongé (enfin à demi-propre) sur son fauteuil, un pied sur un cale-pied, l'autre encore au fond du tube ?
... La digression élève le discours...
Je disais que je vivais les trente-deux heures (trente minutes de plus depuis le début de ce texte) les plus douloureuses de ma vie. Procédé rhétorique, bien sûr.
... La digression élève le discours...
Procédé rhétorique, puisque chacun sait que tout est toujours plus aigu au moment où on le vit. Le passé n'est qu'un amas de souvenirs pas bien vivaces. J'ai probablement ressenti une douleur plus vive encore le jour où un anesthésiste a commis une erreur tandis que des orthopédistes (c'est-à-dire des mécaniciens déguisés en chirurgiens) fouraillaient dans mon bras gauche. Ou, mieux encore, l'instant où mon corps a percuté le rail de sécurité ; juste avant que mon cerveau ne tire le rideau, il a dû être submergé par la douleur. Souvenirs, souvenirs…
Je vis donc les trente-deux heures les plus douloureuses de ma vie, puisque je vous le dis, suivez un peu !
Et, que fait-on un dimanche, sur la Côte d'azur, quand l'ardeur du soleil oblige les chats à quitter leur coussin pour s'étaler aux endroits les plus frais, et que l'on gémit de douleur au moindre mouvement ?
On va à la plage, oui, bien sûr mais je vais vous demander de suivre, une fois encore. Je suis paraplégique et que fait un paraplégique à la plage ? Il regarde les autres se baigner.(1)
Je suis donc resté chez moi. J'ai ouvert les fenêtres et j'ai jeté un œil dans ma bibliothèque virtuelle. Le silence régnait alors, le chat est allé se vautrer sur le banc à l'ombre et je suis resté sur mon fauteuil.
... La digression élève le discours...
« … et je suis resté sur mon fauteuil. » Oui, c'est une blague, enfin, une blague du genre que vous ne pouvez pas comprendre parce que nous n'avons pas eu le loisir d'échanger nos expériences de la vie.
Je suis resté sur mon fauteuil parce qu'il n'existe que trois endroits où je pose mon auguste fessier : mon fauteuil (ça, on avait compris), mon lit (ça, c'est pour dormir ou faire l'amour) et le siège conducteur de mon cendrier.
... La digression élève le discours...
Le substantif « cendrier » désigne ici un véhicule autopropulsé doté d'un moteur à explosion, généralement appelé voiture ; ou bagnole quand on ne sait pas bien se tenir. Il me vient – et me reste – de la période aussi heureuse que brève où je fus le béât (et imprudent, on peut le lire ailleurs) conducteur d'un véhicule autopropulsé doté d'un moteur à explosion et à deux roues seulement, contrairement au « cendrier » susdit qui en possède quatre.
Il fait référence à la boîte à mégots qu'on ne trouve que dans l'habitacle du seul des deux véhicules qui en possède un (d'habitacle). Forme de mépris larvé de la part des motards en direction des véhicules qu'ils jugent impies parce que différents de ceux qu'ils affectionnent.
Comme ça, maintenant, vous savez que, plutôt que serrer votre cendrier sur la droite lorsqu'une motocyclette remonte la file de voitures, il faut ouvrir la porte sous le nez du conducteur pour lui apprendre à vivre à ce con !
Je suis donc resté sur mon fauteuil et j'ai ouvert ma bibliothèque virtuelle pour ouvrir le fichier de Nouvelles sous ecstasy de Frédéric Beigbeder.
Mais, à la vue du nom de l'auteur, je me suis vite posé la question de savoir comment accorder le moindre crédit à un homme qui :
– a vécu dans un des quartiers les plus riches de paris ;
– dont la mère avait un nom à double particule (remariée à un baron) ;
– qui a d'abord fait Sciences Po. avant d'être diplômé en marketing ;
– a été marié trois fois ;
– est directeur de publication du magazine Lui.
Comment ? Me suis-je demandé avant d'entamer la lecture du recueil.
Un garçon qui est né avec une cuillère en or dans la bouche, qui a embrassé des études de bonimenteur puis de prestidigitateur, à qui on ne peut prêter aucune espèce de confiance et dont l'obsession sexuelle avouée n'est que phallocratie assumée ?
Comment ?
Je n'ai pas pu, mais j'ai lu. Et c'est la lecture qui a mis au jour d'autres raisons de discréditer le gugusse.
Gugusse qui prétend « être entré en littérature », tout de même.
Alors j’ai lu !« T'as gobé ? T'as gobé ? Tagobétagobétagobé ? »
Comment peut-on débuter un texte de cette façon ? Sont-ce là les mots qui « entrent en littérature » ?
La centaine de pages qui a défilé devant mes yeux m’a fait penser à du Gavalda, l’apologiste rasoir du vide quotidien, qui clamerait une abondante et incontinente vanité de classe (bourgeoise, cela va de soi, on croise rarement des ouvriers non-qualifiés s’enorgueillir de leur vie besogneuse).
Monsieur Beigbeder prend de la drogue et prend soin de déconseiller son usage afin de s’assurer la publication de ses prises de notes. Monsieur Beigbeder fait bouger son zizi dans des vagins consentants. Monsieur Beigbeder fréquente des gens importants et beaux comme des représentations déifiées de la décadence. Monsieur Beigbeder voudrait nous faire croire que sa vie est celle dont nous rêvons tous. Monsieur Beigbeder ne réussit qu’une chose : démontrer que la fabrication du consentement est une réalité de notre monde. Que l’homme est un homme pour l’homme…
Oui, on dit « L’homme est un loup pour l’homme », mais si l’homme était réellement un loup pour l’homme, il serait fidèle, loyal, se comporterait en bonne intelligence avec ses congénères et le monde ne courrait pas à sa perte.
… que des minorités identifiées parviennent à maintenir des majorités consentantes – comme les vagins précédemment cités – dans un état larvaire de rêve éveillé pour pouvoir vivre le leur. Ce rêve que vit Monsieur Beigbeder avec ses excès, ses excentricités mais aussi son intelligence brillante (n’oublions pas qu’il est « entré en littérature » !) qu’il livre aux pauvres hères qu’on dit sans-dents, qui ne peuvent pas s’offrir de costume trois pièces, afin que Narcisse bande plus fort en regardant les chiffres des ventes de ses livres grimper avec l’intensité du fantasme ouvrier.
Sur cent pages. Un mec qui baise, qui gobe et qui jouit d’être né avec des privilèges. Puisque cet être de lumière artificielle a persisté dans l’exercice, on peut lui accorder d’être, stricto sensu, « entré en littérature ». Mais l’a-t-il fait en empruntant l’orifice le plus approprié ?
NB : arrivé au terme de ce billet, se pose la question de son rangement. Il pourrait tout aussi bien siéger au rayon « Chroniques » qu’à l’étage « Handicap », voire dans le hangar « Colère ». Par conséquent, je choisis la catégorie « Quotidien » ! Après tout, qui ça intéresse ces catégories ? L’important c’est de gober.
(1) si vous avez pensé que le peu de cas qui est fait du monde du handicap ne limitait pas ce genre d'activités, je ne saurais trop vous recommander de vous faire défoncer la colonne vertébrale en laissant tomber un, carter de BMW R69S (ce n'est qu'un exemple) sur vos reins, oublier votre bras gauche au vestiaire de la vie et vous rendre sur la plage la plus proche… ou persister dans la lecture de mes billets.
Fraternité à la Kalach !
Octobre 2016.
Parce qu’il faut savoir s’amuser entre les périodes de farniente, je suis l’heureux propriétaire (1) d’un compte client sur une plateforme de jeux vidéo. Et sur ce compte, en plus de me laisser perdre mon temps à faire joujou, il m’est surtout donné d’être la proie de la publicité la plus éminemment influente. Je dois dire que les vidéos qui promeuvent les jeux de combat sont les plus croustillantes. Justement, en octobre 2016 – alors que mes visites au poulailler sont fréquentes et empreintes d’espoir – une de ces vidéos m’a imposé une phrase qui va plus loin que la portée qu’on lui donne : « Every one of us has an appetite for destruction ».
Édifiant, non ? Souvenons-nous que les jeux vidéo développent la dextérité et la vivacité d’esprit des têtes blondes du monde entier… Les gens qui prétendent que la violence appelle la violence oublient que certaines paroles légitiment cet état de fait.
(1) Substantif complètement impropre en l’occurrence puisque je ne possède rien que le droit d’enrichir les gérants de cette société d’abrutissement (de mon) mental.
Dessein animé
L’autre jour, au printemps 2018, le technicien d’une société de matériel spécialisé fait une apparition dans mon terrier pour je ne sais quel type d’intervention sur je ne sais quel type de bidule supposé me faciliter la vie.
Mémoire (pas très) vive : il attrape je ne sais quel câble électrique et tire légèrement dessus, ce qui a pour effet de débrancher ledit câble qui était relié à je ne sais quelle autre extrémité de bidule destiné à me faciliter le quotidien (une petite variation n’a jamais fait de mal dans un monde aussi monotone que le nôtre).
Le bonhomme constate que j’ai assisté à la scène (d’où la description ci-dessus) et, pris d’une quinte de culpabilité incompréhensible à mes yeux, me sort une phrase du type qui ruine ma vie depuis des décennies : « Oh, il s’est détaché tout seul ! »
Combien de temps Dieu permettra-t-il à ses ouailles de se décharger de toute responsabilité – même les plus insignifiantes – d’un revers de main ?
Pourquoi ce pauvre hère s’est-il senti obligé de prêter vie à un câble, simplement pour ne pas avoir à prononcer les mots « j’ai débranché ». Je. Moi. Plus personne ne « fait rien » de nos jours, les objets les plus divers s’animent et chutent, se cassent, se débranchent, s’ouvrent ou se referment seuls.
Le je ne s’emploie plus que pour les occasions avantageuses, le reste est magie incompréhensible.
Ce que j’ai préféré dans cette farce, c’est encore sa conclusion : l’homme est parti en me laissant une chambre comme après le passage d’un cyclone. Trop aimable pour un magicien…
Sur le fil…
Ce matin, en regardant une rediffusion du sujet Branchez Les Guitares !, sur Arte, j’ai voulu en savoir plus sur un des guitaristes et j’ai tout d’abord visité la page Wikipédia qui lui est consacrée.
Là, j’ai lu que Monsieur David Howell Evans, qui gratte des cordes mais surtout appuie sur des pédales au sein de la holding U Deux, s’est fendu d’un « Les mots sont un média très limité. » (1984).
Près de quatre décennies ans après, cette saillie ouvertement anorexique, m’incite à l’enjoindre à ouvrir quelques livres…
Le liquide de la dictature…
Courant 2020, je vois cette image :
Il faudra leur dire que s'il est « rentré », c'est qu'il est déjà « entré »...
Les gens continuent de penser que les mots n'ont pas de sens…
Violence et violence
Deux décembre 2018, je sors d'un sommeil douloureux, j'allume la tévé en un geste pavlovien suicidaire. Toujours le même, avec le pouce.
Le père Noël et sa hotte pleine de saletés poursuit son chemin dans les plaines enneigées tandis qu'en France, petit pays qui résiste à… rien du tout ; en France, disais-je, une ribambelle d'écervelés qui a subrepticement investi les rangs d'une ribambelle d'illuminés se défoule sur le mobilier urbain (policiers inclus) dans les beaux quartiers de la ville de Paname.
Et là, malgré l'acouphène, malgré le désir de profiter d'un peu du repos supplémentaire, malgré la vie (le café) qui m'appelle, je ne peux m'empêcher de l'entendre. Qui ? Le journaliste illettré qui dit « les quartiers zuppés de Paris ».
Je ne connais que trois personnes qui n'aspirent pas les H : Nabilla (qui aspire autre chose), Ken (qui aspire à trouver sa blonde parfaite) et ce journaliste (qui n'aspire rien, donc). Et il se trouve que l'un d'entre eux a fréquenté l'école. Pendant que, comme chaque matin, au réveil, depuis la fin de l'été 1993, je pratique un sondage vésical de façon totalement machinale…
... La digression élève l'homme…
Je n'ai pas souvenir de la date de mon premier auto-sondage vésical, mais je le situerais à la fin du mois d'août 1993, de façon grossièrement louchée.
Cela fait 9224 jours jusqu'à cette date du 02 décembre 2018. (Plus de 10 400, au soir du 08 avril 2022, au moment où ces mots sont tapés sur mon clavier).
9224 réveils passés à enfoncer une sonde dans le méat de ma verge, jusqu'à la vessie.
Ah, ça en fait de beaux souvenirs embrumés, pour moi et pour les inconscientes qui ont décidé un jour de passer au moins la nuit précédente avec ma personne. Tiens, il faudra que je calcule quelques statistiques de cet acabit, un jour, bientôt… Ah, le handicap, c'est beau !
... La digression élève l'homme…
Pendant que, comme chaque matin, au réveil, depuis la fin de l'été 1993, je pratique un sondage vésical de façon totalement machinale, donc.
Pendant que la sonde progresse dans mes entrailles, le journaliste des quartiers zuppés nous rappelle que les illuminés réclament, par leur présence dans la capitale et avec un gilet jaune sur les épaules, principalement deux choses :
1. Une hausse de leur pouvoir d'achat,
2. Un rétablissement de l'ISF.
C'est-à-dire :
1. Le droit de rapprocher un peu plus l'humanité de son extinction ; consommer, c'est produire et produire c'est détruire,
2. Faire en sorte que les taxes touchent tout le monde comme eux-mêmes (revendication utopique et sotte très française).
Déjà éberlué par tant de bêtise – mais, malheureusement, pas surpris – je vois le président de la république française qui commente les événements de la veille au soir ci-contre décrits : « Aucune cause ne justifie que les forces de l'ordre soient attaquées ».
Certes, Emmanuel, les révolutions passées se sont toutes faites dans un calme olympien, comme dans une sieste bouddhiste, un rassemblement de chatons gavés de THC. La cause des gilets jaunes est inepte, leurs revendications le produit même d'un formatage des esprits ; mais « une cause »… Sérieusement ?
Plus loin, il parle de « violence », mais parle-t-il de celles des états, des gouvernements ? des violences symboliques et réelles de sa politique ?
Peut-être n'a-t-il que des lectures orientées ? Ce qui la fout sacrément mal pour un président de république.
Il faudra lui rappeler que si elle est dite légitime et légitimée par l'état, la violence est toute entière accaparée par l'état.
C'est pas moi qui le dis, c'est Weber et il avait oublié de dire des conneries, contrairement à moi. Quant à la violence symbolique, lire Pierre Bourdieu pourrait lui être d'un grand secours.