La France trop profonde
Un reportage, le lendemain du merveilleux jour d’août précédent. La journaliste – quatre ans d’études – en commentaire des images d’une commune de la Drôme : « Un village de 3000 habitants ».
Quatre ans d’études. Je précise à nouveau parce qu’on est en droit de s’interroger sur le contenu enseigné dans les écoles de journalisme.
Le même reportage, quelques minutes plus tard, le maire du « village de 3000 habitants » s’exprime et détaille les particularités du climat local en nous parlant « d’hygronométrie ». Je confirme : le néologisme devenu l’art de la dissimulation de l’ignorance.
Et toujours personne pour se relire, se corriger, corriger les autres, etc.
Quand les analphabètes voleront, les commentateurs sportifs se déplaceront en escadrille
18 juillet 2017, télévision française, chaîne publique(1), tour de France cycliste : « Les écarts vont se stabiliser voire s’agrandir ».
Je ne vois que deux éventualités à ce trait de génie involontaire :
1. Désormais, se stabiliser est synonyme d’instabilité, de mouvement et de changement,
2. Voire ; que beaucoup écrivent voir, remarquons-le au passage ; prend le sens du verbe avec lequel on le confond souvent,
3. Le journaleux n’a rien compris à l’art de la bicyclette. (2)
Dans le doute, je propose de passer tous les prétendus journalistes du service public à la fourche, entasser les corps et bouter le feu à l’amas (Serge ne me contredira pas) avant de faire péter les rédactions des chaînes privées à une heure de grande fréquentation. Peut-être que, de cette façon, les écarts de compétence entre les uns et les autres vont diminuer, voire se stabiliser ?
(1) Ceux-là même qui arguent de leur sérieux par rapport au privé…
(2) Il existe trois sortes de gens sur terre : ceux qui savent compter et les autres.
Le cœur qui bat trop fort !
Un jeu télévisuel quelconque, un jour d’août 2018 : l’animateur parle de « taticardie » ; j’ai cru qu’il parlait d’un membre de sa famille ; et les ovins qui lui tenaient lieu de faire-valoir ont répété ces deux mots, tatie et, cardie, à plusieurs reprises.
C’est bon de rire.
L’arithmétique pour les nuls
16 mars 2018, je passe devant la bédole et, quelques hésitations de télécommande plus loin, je reste pétrifié sur une chaîne qui se contente de filmer des femmes et des hommes attablés qui parlent de femmes et d’hommes qui transpirent sur les stades (1).
L’enjeu pour les deux équipes concernées par l’affrontement du jour a l’air important, limite vital. Qui l’emportera ? La question fait frémir les journalistes autour de la table…
Et, soudain, un éclair de génie, une saillie inégalable, que dis-je, un prodige :
« Ils doivent gagner quatre matches sur dix, c’est simple, ça fait un sur deux, c’est mathématique ! ».
Les arabes ont offert la science des nombres au monde, il est des journalistes occidentaux du vingt-et-unième siècle qui ont autre chose à faire qu’apprendre à compter, merde !
(1) Commenter n’est pas une activité punie par la loi – sans ça un philanthrope m’aurait égorgé depuis belle lurette – mais commenter des événements sportifs, spectacles d’arène par excellence, qu’on visionne sur un écran en étant filmé soi-même, qu’est-ce, si ce n’est une blague ?
On me dit dans l’oreillette que ce n’est pas destiné à être drôle. On ajoute que ce n’est pas non plus du mépris.
Cette société-ci est bien trop énigmatique pour moi…
Ouverture de raie ?
2018, en France, une chaîne d’infos de la TNT. Un ou une journaliste, peu importe, se permet un retentissant : « … vient de réouvrir ». Je me demande si le Bescherelle est distribué dans les rédactions des journaux télévisés. Ce serait un bon début…
80% de quoi ?
Personnellement, je n’ai pas grand-chose contre les vaccinations, depuis le 19 avril 1993 je ne sais plus où j’en suis. Avec un peu de déveine, je passerai de semi-vie d’infirme à trépas, emporté par une saleté contre laquelle je suis censé être protégé depuis des décennies, faute de rappels. Mais le sujet n’est pas là. Le sujet est dans la lucarne, la démoniaque bedole qui relaie la voix de son diabolique maître…
Nous sommes le 01 septembre 2021 et ces jours-ci, il m’a été donné de voir à plusieurs reprises une annonce du gouvernement qui visait, sans une seule nuance, le public des personnes non vaccinées mais, pas la frange que je qualifierais de nerveuse et qui refuse envers et contre toute raison de se faire vacciner, non, celle des crédules qui ne pensent jamais avant d’avoir le libellé de ce qui doit être dit. Libellé qu’ils copient sur les communiqués du gouvernement, justement.
Cette annonce met en scène des tas de gens beaux qui se font vacciner, sur une musique entraînante, positive et se termine par une sentence :
« On peut douter de tout sauf des chiffres : 80% des gens en réanimation ne sont pas vaccinés »(1).
Putain, ça fout les jetons !
Les jetons de quoi ? De quels chiffres parle-t-on ? De ceux, tordus depuis le début de la crise sanitaire (soit 18 mois), des morts en EHPAD, par exemple ? Ces chiffres officiels qui ont comptabilisé tous les décès en établissement spécialisé comme des décès par Covid ?
Malheureusement, ces manipulations statistiques ont été avérées…
S’ils l’ont fait en EHPAD, pourquoi ne l’auraient-ils pas fait avec le décompte des morts ailleurs, en hôpital, par exemple ? Ou pourquoi pas manipuler les chiffres de réanimation pour donner du poids à un message ?
Alors, quand on parle de chiffres dont il n’est pas permis de douter, peut-on parler des sources ?
Il est, pour conclure, amusant de constater que toutes les chroniques télévisuelles destinées à trier le vrai du faux dans la surabondance d’informations dont nous sommes la cible n’interrogent jamais les assertions officielles, qu’elles proviennent du gouvernement ou de porte-parole scientifiques. Enfin, je dis ça, je dois être complotiste…
(1) Encore une fois – parce que, oui, je l’ai remarqué plusieurs fois – la phrase est incorrecte, ce qui fait tache dans un communiqué d’État. Les « gens en réanimation » ne veut rien dire. Est-ce que cela comprend le personnel, les visiteurs, seulement les personnes dans les lits, celles qui sont dans le coma ?
Géographie approximative
La géographie est une discipline exigeante. Pensez un peu, le premier décembre 2017, sur une chaîne d’informations télévisuelle française…
J’interromps ici mon récit pour vous rappeler que le métier de journaliste peut, certes, s’exercer sans un diplôme mais le CIDJ nous apprend que, de plus en plus, les journalistes sont diplômés. Les sésames s’obtiennent après une formation dans une école. « Les concours d’entrée à ces écoles sont difficiles. Le recrutement se fait souvent à partir d’une licence (bac+3) mais la plupart des candidats ont un niveau bac+5. »
Source : cidj. com
CIDJ : Cette association loi 1901 placée sous le haut patronage du Ministère de l’Éducation nationale a été créée en 1969 pour que tous les jeunes aient un accès égal à l’information nécessaire à leur autonomie.
Or donc, les journalistes sont des gens diplômés. Instruits ; ayant acquis un certain savoir…
Je reprends mon récit : une journaliste vient à parler de la future coupe du monde de jeu de balle au pied qui se déroulera en Russie. Elle cite la ville de Iekaterinbourg,, carte à l’appui et conclut son laïus par : « Comme on le voit, Iekaterinbourg se situe bien à l’est de la Russie ». J’ai bien dit « carte à l’appui »…
Culture ou anti-sèche ?
31 mai 2017.
Passé maître de cérémonie d'une émission quotidienne à une autre émission quotidienne plus rémunératrice, William Leymergie essaie de faire l'expert en variété musicale britannique : alors que passent les notes d'un titre du premier album de Coldplay, il affirme que « C'est vraiment de mieux en mieux, Coldplay » ! En soi, c'est déjà drôle de parler de progression artistique pour un premier album, mais c'est hilarant quand on pense qu'il a dit ça le 31 mai 2017, 17 ans après la sortie dudit album et après je-ne-sais combien d'albums pour la formation d'angelots chrétiens.
Oh, ça va !
Décidément, la télévision s'illustre régulièrement par la médiocrité de son contenu éditorial.
Aujourd'hui, alors que j'enfile un froc récalcitrant, je lève le nez vers le petit écran et je lis le bandeau qui accompagne un reportage. Nous sommes sur le troisième canal du service public et là, sous mes yeux, je déchiffre « Et milieu coule une rivière ». L'évidence me hurle de fermer mon grand clapet à paroles, il s'agit d'un simple oubli.
L'évidence me hurle aussi de considérer que je suis sur une chaîne publique, que je regarde une vidéo de promotion d'un reportage enregistré. Enregistré. Tout est enregistré, rien de spontané. Tout ça est probablement prêt depuis des jours, peut-être des semaines. Et personne n'a relu. Et ces gens sont la référence des classes les plus modestes…
Égalité, c'est combien, déjà ?
Le premier avril 2017 de l'ère chrétienne, en France, pays civilisé, population dotée d'un langage articulé qui a fait ses preuves… Sur la chaîne télévisuelle (maladroitement) appelée L'Équipe 21 (le 51 eut été de rigueur), un journaliste, pardon, un intervenant qui n'a pas dû suivre grand chose de toute sa scolarité, s'écrie avec un enthousiasme qui procurerait un orgasme à une carpe : « On est sur de l'égalité parfaite : 35-34 ! » ! (1)
(1) Je me permets de doubler le point d'exclamation, au risque de me coller une crise cardiaque dans les jours qui viennent, mais il est des choses qui se montrent du doigt.
La télévision au secours des professeurs ?
Heureusement que la télévision est là pour pallier aux lacunes des enseignants.
Dans une saynète de Scènes De Ménages (série de comédie à séquences courtes), une gamine demande au couple de personnages âgés de la série quelle est la différences entre un remords et un regret. Les deux autres ne savent pas répondre (j'ai cru comprendre qu'il s'agissait là du ressort comique de la séquence) et, pour cacher son ignorance, l'homme conclut en statuant sur l'orthographe des termes (comme si c'était la question) : « Eh bien, remord s'écrit "r e m o r d" et regret s'écrit "r e g r e t" ». Bien entendu, cette série est classée « pour tous publics ».
J'ajoute que j'ai lu (quelque part, un jour) que cette série était « extrêmement bien écrite »… À Paris, si on n'a pas de dictionnaire, on peut toujours compter sur le soutien corporatiste.